La Forêt des Arts


Histoire du domaine

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Un lieu unique marqué par son époque


 

On dispose de peu d’informations sur le domaine de La Mulonnière, visiblement oubliés des historiens locaux. Il fut pourtant occupé par des personnalités non négligeables, dont le neveu du Général de Gaulle, Jean de Gaulle, dans la seconde moitié du XXe siècle.

L’intérêt du domaine de la Mulonnière réside également dans son ensemble architectural important, partagé entre son château (datant pour l’essentiel de la fin du XIXème siècle), la Maison Rougé rebaptisée « Maison de Gaulle » par les habitants des environs, ses anciens corps de ferme, son superbe hangar agricole transformé en serre végétale au décor exotique pour les festivités, ainsi que son grand parc et ses bois classés. 

Pour comprendre ce lieu atypique et pour en cerner toutes les évolutions depuis sa création, nous avons fait appel à Philippe Cachau, Historien du Patrimoine et Chercheur associé Université Bordeaux-Montaigne, qui nous raconte ses découvertes

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Tout commence véritablement lors de la Révolution


Dès lors, différents propriétaires investissent les lieux.

Fin XVIIIe : Claude Lebas du Plessis (issu d’une fameuse famille de financiers du XVIIIe siècle).

1785 – 1790 : Marie-Louise-Jacquette de Robien, comtesse de L’Argentière. La Mulonnière, dénommée parfois “La Millonnière” sur certains plans cadastraux, figure parmi les métairies de la seigneurie de Saint-Antoine-du-Rocher qui relève de l’élection de Tours et faisait partie de l’archidiaconé d’Outre-Loire.

1790 – 1804  : Michel Barré, suite à la mise sous séquestre des biens féodaux, devenus biens nationaux sous la Révolution en 1790. La métairie de la Mulonnière couvre alors 23 hectares et comporte une maison de maître au centre d’une vaste cour entourée de douves suivant la tradition des demeures du Moyen Age et de la Renaissance, particulièrement en Touraine. La datation de cette modeste bâtisse pourrait se situer vers le XVIe siècle.

1804 – 1834 : Marie-Adelaïde Coquereau. Elle négocie l’annexion des terres voisines permettant ainsi d’agrandir le domaine à 37 hectares.

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De la modeste maison de maître au château bourgeois


 

1834 – 1883 : Jean-Baptiste-Rémi Belle, fils du premier député de la circonscription de Neuvy-le-Roi et maire de Saint-Antoine-du-Rocher de 1865 à 1883.

Pour afficher son rang de grand bourgeois, ce dernier poursuit l’augmentation du domaine de la Mulonnière (45 hectares) et entreprend dans les années 1860, la rénovation des anciens corps de ferme et la reconstruction de la modeste bâtisse du métayer qui se mut en maison de maître cossu avec plusieurs salons et chambres avec cabinet. Suivant la tradition des XVe-XVIe siècles, il y est ajouté une tour d’escalier avec grand comble à la française, orné d’une crête et de deux épis de faitage en plomb.

 

1883 – 1892 : Adeline Belle hérite du domaine en sa qualité de fille aînée. Suite aux importants travaux menés dans les années 1860-1880, l’acte de vente de 1892 décrit un nombre substantiel de pièces nouvelles et la résidence de la Mulonnière y est décrite sous le terme de « château » pour la 1ère fois.

Cet édifice, par son mélange de styles, s’inscrit dans l’éclectisme en vigueur depuis le milieu du XIXe siècle. Côté jardin, la façade reprend le style du château de Maisons-Lafitte par François Mansart (XVIIe siècle), avec son pavillon central plus élevé coiffé d’un comble droit à la française et ses lucarnes en oculi surmontées d’une corniche en chapeau de gendarme. Côté cour à l’arrière, l’extérieur affecte celui d’un château du XVe-XVIe siècle avec sa tour d’escalier, orné suivant la tradition gothique d’un vitrail peint (Lux Fournier, 1898). L’entrée du château est protégée par une marquise en verre et fonte, suivant l’usage des demeures à la fin du XIXe siècle. Les intérieurs présentent, quant à eux, une décoration d’époques diverses : gothique, renaissance), XVIIIe-XIXe siècles.

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Modernisation à l'aune du renouveau de l'activité industrielle et marchande de la Touraine


 

1892 – 1898 : Pierre-Emile Rougé (père), ex-courtier en assurances, acquiert le domaine et y réside jusqu’à son décès.

1898 – 1903 : Pierre-Emile Rougé (fils) hérite du domaine mais vend des terres pendant 5 ans afin d’acquérir des bois pour satisfaire son plaisir de la chasse, réduisant ainsi La Mulonnière à 33 hectares de superficie.

1903 – 1917 : Marie-Blanche Duméreau, veuve de Pierre-Emile Rougé (fils), délaisse quelque peu la propriété, privilégiant, en cette période de conflit, une vie plus commode à Tours.
Marie-Blanche Duméreau fait toutefois construire un pavillon dans le parc, dit « Maison Rougé », comprenant notamment une bibliothèque, un bureau et une chapelle. Les élévations de cette maison sont caractéristiques de l’architecture en vigueur pour les lieux de villégiature de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Elles font écho, avec ses bordures en brique et pierre, aux angles et aux fenêtres de la remise et de la sellerie du château
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1917 – 1936 : Maurice Rougé, seul fils revenu du front. Il modernise le château en y installant le chauffage central, l’eau courante et l’électricité. Maurice Rougé transforme la boulangerie de l’aile sud de la cour en un atelier viticole, mis en cave dans une petite propriété acquise à Charentilly. Cette cave existe toujours aujourd’hui sous le nom “Les Belles Caves” mais ne fait plus partie du domaine. Enfin, le comble du luxe à cette époque est la création d’une orangerie et d’un terrain de tennis dans le parc (dont les vestiges figurent aujourd’hui au sein du jardin Nobuyoshi).

Devenu industriel à Tours, Maurice Rougé connait néanmoins de graves difficultés financières suite à la crise de 1929. La Mulonnière et ses biens sont ainsi mis en adjudication.

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De la propriété familiale au domaine de charme ouvert aux artistes


1936 – 2010 : la Famille Choyer, propriétaire foncier, acquiert le domaine et y vit bon an mal an au rythme des évènements du siècle (occupation, reconstruction, Trente Glorieuses). Ils cèdent différentes parcelles de la Mulonnière à leurs 5 enfants et le morcellement de la propriété s’engage à partir des années 1970.

Leur seconde fille, Marie-Josèphe-Thérèse, épouse en 1946 Jean-Noël-Charles-Marie de Gaulle, fils du frère cadet du Général de Gaulle, qui vient régulièrement au domaine. Les époux de Gaulle résident en particulier dans le pavillon dit « Maison Rougé », surnommé toujours aujourd’hui « Maison de Gaulle » par les habitants des communes environnantes.

 

2010 – 2020 : Dominique Beauchesne. A partir de 1997, le Château de la Mulonnière et différentes parcelles sont cédées peu à peu à Dominique Beauchesne jusqu’à sa cession définitive par la famille Choyer-De Gaulle en 2010. Sous l’impulsion de ce fleuriste de renom et de sa compagne Keïko Mori, le domaine devient plus arboré avec notamment la création du jardin japonais “Nobuyoshi” et de sa serre végétale de plus de 500m². Différentes manifestations culturelles d’envergure y sont organisées et des œuvres d’art sont exposées dans le parc.

 

2020 à aujourd’hui : Famille Gouband – Marin, originaires du Poitou et des Charentes. Tombant littéralement sous le charme des lieux, ils entreprennent des travaux de rénovation au sein du domaine afin de lui redonner toute sa noblesse. Ils poursuivent aujourd’hui les vocations événementielles et culturelles impulsées par leurs prédécesseurs.

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